Extra-muros (III)
Un an et demi plus tard, quelques jours avant son suicide, Tal fit le rapport laconique, presque banal, de son deuxième séjour extra muros qu'il effectua en Israël. Ce fut son tout dernier texte, son testament en quelque sorte:
« A l'occasion de mon extra-muros 2006, j'ai passé deux mois en Israël afin d'améliorer ma connaissance de l'hébreu. J'ai résidé pendant toute la durée du séjour chez ma grand-mère qui habite dans un kibboutz sur la côte méditerranéenne au nord de Tel Aviv, Gaash. J'ai atterri le 2 mai à l'aéroport Ben Gourion et suis reparti le 29 juin, toujours par avion.
Le climat en Israël est relativement varié; il fait une chaleur moyennement élevée au bord de la mer, le taux d'humidité est par contre difficilement supportable. Plus avant dans les terres, on trouve un climat chaud et sec, ou aride dans les zones désertiques ou semi-désertiques.
Le système scolaire diffère quelque peu du nôtre. L'école que j'ai fréquentée pendant un mois impose une sorte d'uniforme, en fait un t-shirt unique décliné en plusieurs couleurs. Bien sûr les élèves se font quotidiennement rappeler à l'ordre pour ce motif vestimentaire; en dehors du t-shirt, ils mettent d'ailleurs ce qu'ils veulent. Le niveau scolaire est relativement comparable à la Suisse. Les études en sciences sont peut-être un peu moins poussées (il est vrai que j'ai physique-maths en option), par contre les branches artistiques bénéficient de moyens et d'un suivi supérieur, en particulier la musique.
La société israélienne ressemble à n'importe quel pays développé. L'influence américaine est assez visible (une plaisanterie circule selon laquelle Israël est le cinquante et unième état des USA), comme d'ailleurs le mode de vie et la culture proche-orientale, que ce soit dans les habitudes alimentaires ou comportementales. De temps en temps, selon le lieu où l'on se trouve, on rencontre des Juifs orthodoxes dont la concentration culmine à Jérusalem; il y a une fracture sociale relativement marquée entre laïcs et religieux.
Fort heureusement, je suis rentré juste avant les hostilités de juillet au nord du pays. Il n'en reste pas moins que l'aspect sécuritaire est très présent là-bas. A chaque entrée d'un lieu public (par exemple centres commerciaux), un vigile contrôle votre sac pour savoir si vous portez une arme. Les gens sont d'ailleurs nombreux à porter un pistolet à la ceinture. Si vous vous promenez dans le nord de la Galilée, il arrive parfois d'entendre des explosions ou des coups de feu sporadiques en provenance du plateau du Golan. Mais la vie quotidienne n'est cependant pas touchée outre mesure par la situation politique tendue de ce pays. A noter toutefois que le service militaire compte beaucoup plus pour un Israélien que pour un Suisse par exemple, ne serait-ce que par la durée du service (trois ans pour les hommes, deux pour les femmes).
Pour conclure, j'ai trouvé cette expérience enrichissante, particulièrement au niveau de la connaissance de la culture et de l'apprentissage de la langue. Les notions de lecture que j'avais auparavant ont été renforcées, de même que la langue orale. J'ai notamment constaté que si le risque d'attentat, qui a tendance à occuper entièrement les esprits lorsqu'on pense à cette région, s'il constitue une réalité, peut être bien vécu. »
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