samedi 19 décembre 2009

La Béance

Dans le magazine Hebdo, j'ai découvert une critique au sujet du récit La Béance par Sandrine Fabbri, paru aux Edition d'en-bas. Je me suis précipitée pour acheter le livre. L'auteur évoque le suicide de sa mère à Meyrin, une cité satellite genevoise, alors qu'elle était âgée de onze ans. En fait, Sandrine Fabbri qui a quelques années de moins que moi a nécessité d'une vie entière pour tenter de faire son deuil, de comprendre et de se (re)construire tant bien que mal. Il en résulte un récit poignant, vraisemblablement rédigé pendant huit ans. Le travail porte ses fruits, le texte est bien écrit, tranchant. Du coup, je comprends ce qui fait défaut à mon texte dicté par l'urgence de la survie: des maladresses dues par un manque de travail et d'expérience. Je ne suis pas rédactrice et encore moins écrivaine.
Soit.
Le récit de Sandrine Fabbri me rappelle les trois cousins argentins de mon mari: aucun d'entre eux n'a vraiment pu s'épanouir, aucun n'a réussi à construire une vie de famille sans failles, sans béance. Le suicide d'une mère ou d'un père est un traumatisme qui marque un enfant à jamais. Sandrine Fabbri, comme les deux cousines n'aura jamais d'enfant. Je cite sa conclusion: "Soudain enfin je me sens emplie, ces femmes sont en moi, je ne suis plus seule, je porte en moi ma mère et ma grand-mère, ma mère ange blessé envolé par la fenêtre, ma belle grand-mère amère emportée par son sein maternel amputé de sa fille. Moi je n'aurai jamais d'enfant [...] mon rendez-vous avec un enfant, avec mon enfant est lui aussi devenu un rendez-vous avec la mort, comblerai-je jamais cette béance-là."

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