Dans un blog qui se déroule sur la durée, on ne peut connaître la bibliographie que si elle est affichée. Voici donc la série des livres qui m'ont aidé à survivre et à essayer de comprendre. La liste en-bas ne contient que les ouvrages que je cite dans mon récit. J'ai évidemment lu d'autres livres comme:
- Lytta Basset, Ce lien qui ne meurt jamais, Albin Michel, 2007
A vrai dire, je n'ai rien compris à son discours qui est trop irrationnel pour l'esprit cartésien que je m'efforce d'être.
- Christian Baudelet, Roger Establet, Durkheim et le suicide, PUF, 7ème édition 2007
Une analyse sociologique du suicide, trop théorique pour moi.
- Hans-Balz Peter, Pascal Mösli et autres, Suicide, La fin d'un tabou?, Labor et Fides, 2003
Des essais de psychologues, médecins, théologiens sur ce terrible sujet. Je copie ici le témoignage d'un Bernois, docteur et professeur en psychiatrie, Dr Konrad Michel, qui m'a le plus marquée:
"De quoi ont besoin les personnes suicidaires?"
On m'a demandé de rédiger un exposé parce que je possède une longue expérience de l'analyse du comportement suicidaire et de la prévention du suicide. Je puis donc me considérer comme expert en la matière. Mais aujourd'hui je parle en tant que père qui a perdu son fils par le suicide le 24 novembre 2001.
Chacun(e) peut être touché(e).
De par mon travail de thérapeute, je connais bien la détresse des proches qui ont perdu un être cher par suicide - certains sont anéantis pendant des années, parfois pour toujours. Aux USA, on compte qu'en moyenne six proches sont touchés par un suicide. Ces personnes se qualifient de "suicide survivors". A l'improviste, la catastrophe se produit dans la famille et il faut tenter de continuer à vivre (...) A présent, je suis moi-même un "suicide survivor".
Je suis effrayé par le nombre de jeunes hommes qui se sont ôté la vie dans notre entourage au cours de ces derniers mois (...) Les proches disent: "Personne ne s'y attendait", ou bien: "Nous le sentions venir, mais nous étions impuissants". (...) L'intention suicidaire est privée, secrète.
Pourquoi?
Ce n'est que maintenant que je me rends compte que nous en savons bien peu sur la mort par suicide.
Le suicide a engendré une série de théories intelligentes (...) mais pas une seule ne suffit à expliquer un tant soit peu les raisons pour lesquelles des personnes se suicident. (...)
Peut-on dire que le suicide nous concerne tous (et en particulier les médecins)? Ou bien est-ce la dernière liberté de l'être humain que nous devons respecter?
(Je résume un peu: Konrad Michel conclut que les thérapies mises en place pour prévenir le suicides s'avèrent surtout efficaces chez les femmes et de citer un confrère: "Si quelqu'un peut me dire comment pousser les hommes à demander de l'aide, il recevra le prix Nobel.")
Notre vie est faite de projets et d'actions ciblées qui ne sont d'abord que des idées passagères et qui se transforment peu à peu en plans concrets. Notre vécu a une incidence sur nos projets. Ainsi, le suicide peut à un moment donné surgir comme option dans la biographie d'une personne. Cela se produit surtout lorsque d'autres objectifs et besoins (relations, travail, amour-propre) sont menacés. Il s'agit généralement de déceptions et blessures répétées qui ne sont pas conciliables avec l'image que nous avons de nous-mêmes.
Au moment de la crise, nombreux sont ceux qui croient ne plus rien valoir, être méchants, ne plus avoir le droit d'être sur terre. Ce refus de soi-même, cette fuite devant soi-même entraînent
une souffrance psychique atroce (...). Cette détresse est tellement traumatisante que la personne peut entrer dans un état qualifié de dissociatif.
(...) Les proches d'un suicidaire ont énormément de mal à comprendre que des personnes suicidaires puissent apparemment mener une vie tout à fait normale, et ce parfois jusqu'au moment où elles choisissent de se donner la mort.
(...) Les dépressions et la quasi-totalité des troubles psychiques font augmenter le risque du suicide. Il s'agit donc de les reconnaître et de les traiter. (...)
Il est frappant et révoltant de constater que tout le savoir et les connaissances de Michel Konrad n'auront pas suffi à sauver son propre fils. J'aimerais dire à tous les parents qui sont dans notre cas: Ne vous culpabilisez pas, si cela avait dépendu de vous, de votre amour pour votre enfant, de votre volonté de le protéger et de le sauver, il est clair que votre enfant serait en vie à l'heure actuelle.
Et voici les livres que je cite dans mon récit sur Tal:
Bibliographie
Bettelheim Bruno, Les Enfants du rêve, Robert Laffont, 1971.
Bodner Erika, Ich wollte doch nur dein Leben schützen, Erleben, Sinnsuche und Trost nach dem Verlust eines Kindes, Weishaupt Verlag, 2002.
Calvino Italo, Le Baron perché, Seuil, 2002.
Cocteau Jean, Opium, Stock, 2003
Fauré Christophe, Après le Suicide d'un proche, Vivre le deuil et se reconstruire, Albin Michel, 2007.
Favre Agnès, L'Envol de Sarah, Ma fille: sa vie, son suicide, Max Milo Editions, 2006.
Frankl Viktor E., Man's Search for Meaning, Beacon Press, 2006.
Gibran Khalil, Le Prophète, Castermann, 1956.
Gril Josette, Vivre après la mort de son enfant, Des parents témoignent, Albin Michel, 2007.
Hesse Hermann, Siddharta, Suhrkamp, 1981.
Juillerat-Degoumois Eliane, Peut-on survivre au suicide de son fils?, Editions à la Carte, 2006.
Kushner Harold, When Bad Things Happen to Good People, Anchor Books, 1981.
Mandell Sherri, The Blessing of a Broken Heart, The Toby Press, 2003.
Oz Amos, Une Histoire d'amour et de ténèbres, Gallimard, 2005.
Perret-Catipovic Maja, Le Suicide des jeunes, Comprendre, accompagner, prévenir, Editions Saint-Augustin, 2004.
Poivre d’Arvor Patrick, Lettres à l’absente, Albin Michel, 1993.
Poivre d’Arvor Patrick, Elle n’était pas d’ici, Albin Michel, 1995.
Poivre d’Arvor Véronique, À Solenn, Albin Michel, 2005.
Schirrmacher Frank, Minimum, Blessing, 2006.
Tordjman Sylvie et autres, Enfants surdoués en difficulté, Stock, 2005.
Wolpe Rabbi David, Making Loss Matter, Riverhead, 1999.
Forcément, les suicides dans les familles de "psy" (vous en avez déjà cité deux) interpellent, tant on aimerait imaginer des pouvoirs quasi-magiques à ces professionnels.
RépondreSupprimerMais quand l'aspirant au suicide refuse d'ouvrir la moindre porte dans sa sombre citadelle, les "psy" se révèlent aussi démunis et inefficaces que quiconque.
Attention, je ne veux pas dire que la prévention est inutile ! Seulement, dans certains cas, je pense que rien ne peut contrer la détermination du suicidant.
Cela devrait alléger un tant soit peu la culpabilité des proches qui n'ont rien vu venir ou qui n'ont rien pu empêcher. Le reste de la peine est déjà sufisamment lourd à porter.