Un fait divers de plus:
"Mme Rady s’est donné la mort par pendaison.
Kristina Rady, qui était la mère des deux enfants du parolier et chanteur de Noir Désir, Bertrand Cantat, a mis fin à ses jours dimanche par pendaison à son domicile à Bordeaux quartier Nansouty, selon le parquet.
Le chanteur de Noir Désir faisait la sieste, et un de ses enfants a retrouvé le corps sans vie de sa mère."
La position de l'artiste au passé sulfureux n'est pas enviable, mais ce sont surtout les enfants âgés de 7 et 12 ans qui me font une peine indescriptible: encore des existences gâchées par un suicide.
Une autre citation:
"C'est un drame qui touche une femme tout à fait remarquable, d'une grande élégance intellectuelle, une mère aimante, extraordinaire avec ses deux enfants, ce qui rend cet acte d'autant plus incompréhensible", a poursuivi l'avocat du barreau de Paris.
"Le lien familial avait été renoué, notamment dans l'intérêt des deux enfants. On ne comprend pas" (son geste, ndlr).
Le chanteur et parolier de Noir Désir, 45 ans, se trouvait au domicile de Kristina Rady, 41 ans, d'origine hongroise, et dormait au moment où elle s'est donné la mort, dimanche, a-t-on expliqué de source proche de l'enquête."
Je ne veux pas consigner dans ce blog tous les drames, tous les suicides, mais celui-ci me bouleverse. Je pense à l'enfant qui a découvert sa maman sans vie: Comment pourra-t-il grandir et exister normalement après avoir vécu tant de drames à un si jeune âge? Je connais l'idée et le principe de résilience, mais il n'y a aucune garantie qu'une personne sera résiliente ou ne le sera pas.
Imaginer découvrir le corps inanimé de Tal est une pensée insoutenable... et ce garçonnet a vécu ce traumatisme suprême. J'ai envie de hurler!
Avant tout, laissez-moi vous féliciter pour la qualité de votre blog. Je crois ne même pas imaginer le travail que cette mise en pages et en images représente !
RépondreSupprimerJe vous remercie aussi pour les lectures que vous suggérez, car je ressens comme vous ce besoin pressant de lire et lire encore sur le suicide, avec l'espoir, que je sais vain pourtant, d'essayer de trouver un sens à toutes ces tragédies.
La lecture du livre d'Edouard Levé ne m'a guère touchée, si ce n'est cette phrase admirable à la fin que j'ai déjà citée.
Par contre j'ai été bouleversée par le livre de Sandrine Fabbri, la Béance, et le "fait divers" (mot que je trouve bien mal choisi puisqu'il marquera à jamais la vie de ces deux enfants) que vous mentionnez aujourd'hui évoque la même situation : le suicide des parents, tout aussi dévastateur que le suicide des enfants.
Ce qui m'a interpellée dans ce récit, c'est que cette petite fille dont la mère s'est défenestrée lorsqu'elle avait onze ans, a vécu des affres très proches des miens qui ai perdu mon fils alors que j'avais 55 ans. Au delà de situations si différentes, il semblerait que les vécus soient universels.
Voici quelques extraits qui mettent si bien en mots nos souffrances communes :
"Il va arriver quelque chose. Je le sais. C'est pour ça que depuis le matin, je t'ai suivie à la trace...Sans comprendre cette peur accrochée à mon ventre, boule noire que je n'arrive pas à avaler, mauvais songe qui me suit et me poursuit partout, sale présage...
Petit chien épouvanté je t'ai suivie à la trace, je n'ai pas jappé pour ne pas montrer ma peur...
On ne prend pas les photos de la tristesse ou du désespoir...
Lorsqu'on ne désire plus, la béance se creuse, abyssale, le vide est un aimant...
J'ai vu, j'ai vécu la dévastation, la chute avant la chute finale...
Le seul destin qu'il lui reste pour apaiser la douleur en elle...
Je me suis toujours sentie coupable, coupable de ne pas avoir pu, de ne pas avoir su empêcher ma mère de basculer..."
On ne peut qu'espérer que les deux enfants de Kristina Rady échapperont à ce sentiment de culpabilité écrasant. Et qu'ils parviendront à vivre avec le vide de l'absence de leur mère suicidée.
Comme vous, je n'ai pas découvert le corps de mon fils mort, et je n'ai même pas pu le voir ensuite. Même si tout le monde soutient qu'on a plus de mal à "faire son deuil" (comme je déteste cette expression qui sous-entend qu'il peut y avoir un point final alors qu'on sait qu'on portera cette douleur toute sa vie) quand on n'a pas vu le corps mort, je remercie le ciel d'avoir échappé à cette découverte macabre.
Je ne peux m'empêcher de penser que cette femme a attendu pour se pendre que le père de ses enfants soit présent, pensant certainement que c'est lui qui la découvrirait et qu'il serait là pour eux. Si cette pensée pouvait leur apporter une once de réconfort...
Chère Patricia,
RépondreSupprimerMerci pour vos encouragements, vos commentaires sont précieux. Malheureusement, vous êtes la seule à oser me répondre publiquement. Le sujet fait peur et il y de quoi!
Le titre "fait divers" a été choisi volontairement: derrière l'annonce presque banale du suicide de la compagne de Bertrand Cantat se trouve le destin anéanti de ces deux enfants. Votre conclusion est pertinente, si seulement vous pouviez la leur communiquer.