jeudi 17 décembre 2009

Surdité, signes et suicide...

Trois ans après avoir écrit le texte "cousine", ma nièce que je prénomme Tina a dix-huit ans et se trouve dans une importante phase de rupture. A présent, elle maîtrise parfaitement la langue des signes et a choisi la communauté des malentendants comme sa nouvelle famille, au point de refuser d'allumer son appareil auditif. Ce choix a plusieurs conséquences: la communication avec elle devient difficile, elle articule de moins en moins bien, à l'école elle a intégré une classe de malentendants, elle refuse le LPC et tout ce qui favorise l'oralisation des sourds.
Avec mes élèves nous avons lu et terminé un livre bouleversant qui retrace l'histoire d'une famille: Jenseits der Stille / Au-delà du silence par la cinéaste Caroline Link. Un couple de parents sourds  ne communique que par la langue des signes. Contre leur attente, leur fille Lara choisit de faire une carrière de clarinettiste, encouragée par sa tante avec laquelle le père a entretenu des rapports difficiles depuis leur enfance. Ainsi, le père n'accepte pas le choix de sa fille jusqu'au dénouement final.

Lara et son père, Martin Bischof
(Sylvie Testud et Howie Seago)

 
Lara et Kai, la mère (Emmanuelle Laborit)

Voici un lien de la bande d'annonce de ce très beau film qui n'a à ma connaissance pas été traduit en français malgré les deux actrices françaises:

http://www.youtube.com/watch?v=otvKzI84Klo

Ce film ne montre que les aspects positifs de la langue des signes dont la plus célèbre ambassadrice est la belle Emmanuelle Laborit. Comme toute langue, elle peut donner naissance à une véritable culture et je comprends la fierté de ceux qui la pratiquent. Il y a toutefois un revers affligeant à ce fait: les sourds, pour promouvoir l'usage de leur langue qui nécessite un minimum d'adeptes pour qu'elle soit viable, sont partis en croisade contre les parents et centres hospitaliers qui pratiquent l'implant cochléaire. Tina a honte de s'être faite implanter, elle m'a menacée pendant ma grossesse de ne pas oser implanter mon enfant si par hasard il naissait sourd...

Quel rapport avec le suicide? Aucun! Or, Caroline Link après avoir reçu en 2002 un Oscar du meilleur film étranger pour Nirgendwo in Afrika / Nulle part en Afrique, l'histoire d'une famille juive allemande réfugiée en Afrique, a réalisé un nouveau film, sorti en salles en 2008: Im Winter ein Jahr / En hiver un an.
Ce film pourrait être notre histoire: suite à un "accident de chasse" qui a coûté la vie à son fils, une mère commande un portrait de ses deux enfants à un peintre. Celui-ci doit donc croquer la fille vivante et réaliser un portrait posthume du garçon. Peu à peu, on comprend que le mal qui ronge la famille, qui rend le deuil de tous les protagonistes si difficile, est dû au fait que le magnifique jeune homme doué, skieur d'élite, s'est suicidé. Ce film repose sur le roman d'un canadien: Aftermath par Scott Campbell.


Voici, pour finir, le lien pour le trailer en allemand: Im Winter ein Jahr

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