Aaron Swartz
© Keystone
Le monde de la Toile a rendu hommage à Aaron Swartz, le
génie informatique et co-fondateur du réseau social Reddit. Il s'est
suicidé à l'âge de 26 ans en février 2013.
«Adieu à Aaron Swartz, hacker et militant extraordinaire», a lancé sur son site Electronic Frontier Foundation qui a salué «un ami et collaborateur» de cette association de défense des droits dans le monde numérique.
Aaron Swartz, militant pour l'accès libre à internet, a été retrouvé mort pendu à son domicile à Brooklyn vendredi soir, selon les services médicaux de New York.
Ce génie de l'informatique, qui avait participé à l'élaboration du format RSS à l'âge de 14 ans, devait comparaître le 1er avril prochain devant la justice. Il était en effet accusé d'avoir volé en 2011 des millions d'articles scientifiques et littéraires à JSTOR, un service d'archivage en ligne de publications universitaires et scientifiques, accessible uniquement par abonnement.
Le jeune homme avait téléchargé ces milliers de données en laissant, pendant deux jours, un ordinateur caché dans un placard du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT). Il risquait jusqu'à 35 ans de prison et un million de dollars d'amende.
A la suite de son arrestation en 2011 à Boston, son organisation de lutte contre la censure Demand Progress avait protesté en disant que ces poursuites «n'avaient pas de sens». «C'est comme essayer de mettre en prison quelqu'un qui aurait parcouru rapidement trop de livres dans une bibliothèque», a déclaré son directeur David Segar.
«Un gamin génial»
La famille et les amis du militant reprochent à la justice et au MIT, à l'origine des poursuites, d'avoir une certaine responsabilité dans ce suicide.
Un de ses amis, Larry Lessing, qui avait désapprouvé l'initiative, s'emportait dimanche sur le site Boingboing.net contre la justice qui avait accusé Aaron Swartz d'avoir «volé» des biens «valant des millions de dollars». «Aaron n'a jamais rien fait dans sa vie pour 'faire de l'argent', il ne travaillait que pour l'intérêt général, il était brillant, drôle, c'était un gamin génial», a-t-il écrit.
Il y a deux ans, le FBI avait lancé une enquête contre Aaron Swartz qui avait publié des documents de la cour fédérale américaine normalement accessible contre paiement. En moins de trois semaines, il avait réussi à charger plus de 18 millions de pages d'une valeur estimée à 1,5 million de dollars. Aucune charge n'avait alors été retenue contre le jeune homme.
Dépression
Mais Aaron Swartz souffrait aussi de longue date de dépression, selon ses amis
«Aujourd'hui, tout le monde se demande si Aaron ne s'est pas tué parce qu'il ne voulait pas aller en prison. Peut-être. Mais Aaron souffrait aussi de dépression depuis de nombreuses années», écrit sur Boingboing.net un militant d'internet et ami du jeune homme. Aaron «en avait parlé publiquement et en parlait avec ses amis».
En 2007, il avait publiquement évoqué l'idée du suicide, selon le «New York Times» qui lui consacrait dimanche une demi-page. Sur son blog, il avait écrit: «Sortir, respirer un peu d'air pur, se lover contre quelqu'un qu'on aime et ne pas se sentir mieux, pire, se retrouver incapable de ressentir la joie que chacun semble partager. Tout est teinté de tristesse», indiquait le jeune homme.
Dans un autre hommage sur la Toile, wired.com a déclaré: «Le monde est privé de 50 ans de tout ce que nous ne pouvons pas imaginer qu'Aaron aurait fait», avant de conclure... «sa mort est une tragédie».
Le Daily Mail raconte que deux jeunes étudiants britanniques qualifiés de "brillants" ont trouvé la mort dans une chambre d'hôtel, après avoir conclu un pacte suicidaire. Ils ont été retrouvés sur leur chaise, à une centaine de kilomètres de l'Université d'Edinbourg où ils étudiaient les maths et la physique. Jusque là, l'histoire est tragiquement banale.
Mais pour se donner la mort, Robert Miller (20 ans) et James Robertson (21 ans) auraient développé un logiciel qu'ils ont installé sur un ordinateur portable, connecté à un équipement électronique de perfusions intraveineuses. Le logiciel semble avoir été développé pour délivrer la dose suffisante de substance létale.
Selon le journal, l'enquête doit déterminer si les deux amis ont été influencés par les travaux du docteur australien Philip Nitschke, baptisé "Docteur La Mort", qui avait fabriqué au milieu des années 1990 une "machine à suicide". Conçue également avec un ordinateur portable relié à un équipement de perfusions, la "Deliverance Machine" posait une série de questions au sujet pour tester sa volonté réelle d'en finir avec la vie, et administrait une injection létale si les réponses étaient déterminantes.
Le médecin, militant pro-euthanasie, souhaitait ainsi délivrer une machine qui laisse au "patient" le choix de décider de son sort, pour dédouaner de responsabilité son fabricant ou son importateur. Elle ne pouvait être utilisée que par des malades réunissant au moins 22 conditions, dont le fait d'être sain d'esprit, de souffrir d'une maladie incurable, et de fournir le consentement de trois médecins. La machine a finalement été interdite en 1997.
Décidément, les jeunes gens à haut potentiel intellectuel sont en danger.
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