mercredi 3 mars 2010

Post Tal: Trois ans plus tard

Trois ans plus tard, ma vie ressemble un peu à ce blog: des allers-retours entre le passé et le présent, entre Ewel et un moi fragile, mais vivant. Les souvenirs de Tal surgissent chaque fois qu'une pause le permet dans mon quotidien chargé. Ils sont moins douloureux à présent; toutefois, mon fils me manque cruellement.

Le frère de Tal est un jeune adulte courageux: rien n'est aisé pour lui, néanmoins il ne baisse pas les bras. Ce printemps, il devrait passer sa maturité dans la même école où se trouvait Tal: oui, je suis inquiète! Or, il est mieux encadré que ne l'a été son frère. Il est déjà immatriculé à l'université pour y étudier la mathématique et la physique. Il joue de la batterie au sein du Conservatoire Populaire, de l'AMR (Association pour la Musique de Recherche) et de l'Harmonie de notre commune. Comme conséquence du passage à l'acte de son frère, il a été réformé à l'armée ce qui l'arrange au fond. Last but not least, il est amoureux. Pourvu qu'il persévère dans ses entreprises!

Ma grossesse a résulté en une double naissance: les jumeaux auront deux ans dans quelques semaines déjà. La petite soeur de Tal lui ressemble un peu, réfléchie et sensible, elle s'exprime bien dans deux langues au moins, connaît les couleurs primaires et complémentaires, adore bouger et danser. Son petit frère est un adorable extra-terrestre. Il ne ressemble ni à l'un, ni à l'autre de ses deux grands frères. Il ne parle presque pas, mais vocalise beaucoup et comprend tout. Il a un corps très souple (même petit, Tal était raide) avec une grande force physique. Il adore la musique et me fait beaucoup rire avec ses inventions et comportements: c'est un véritable clown!

Élever des enfants à un âge où nous pourrions être grands-parents n'est pas facile; paradoxalement, nous en profitons davantage que de nos aînés. Nous savons que les années de la petite enfance passent vite et ne reviendront jamais. Ainsi, nous nous réjouissons de cette "deuxième chance" que la vie nous a accordée. Certaines connaissances n'ont pas compris ou accepté notre choix de redonner vie après la tragédie que nous avons vécue, comme quoi on ne devrait pas faire d'enfants de remplacement. Notre décision n'est effectivement pas une solution universelle. Or, je sais qu'en ce qui me concerne c'était la bonne: nos jumeaux m'ont redonné goût à la vie. En toute humilité, je n'ai qu'un vœu à présent: que nos trois enfants vivent et qu'ils soient heureux!

2 commentaires:

  1. Et on ne peut que s'associer à ce voeu !

    Vous dites que votre décision de mettre au monde d'autres enfants a été critiquée, cela me stupéfie ! Le suicide d'un enfant représente un tel naufrage qu'on s'accroche aux planches que l'on trouve, à moins de se laisser couler, ce qui représente une autre option. Dans des situations de chaos, on fait ce que l'on peut ! Ceux qui s'accrochent à des principes n'ont certainement jamais été mis à l'épreuve. Et comment peut-on imaginer une seconde qu'un enfant puisse remplacer un autre ou le faire oublier ?

    Moi, au contraire, ce choix courageux de donner vie une fois encore me laisse admirative, tant il témoigne d'une énergie, d'une vitalité qu'il faut aller aller puiser au fond de soi. L'éducation d'un enfant n'est pas un long fleuve tranquille, tous les parents le réalisent assez rapidement, mais quand votre enfant finit pas refuser cette vie que vous lui avez donnée,on prend la pleine mesure du risque que l'on a pris.

    Vous avez choisi la vie, pas la survie. En écrivant que la vie vous a accordé une deuxième chance, il me semble que vous sous-estimez votre propre mérite.

    Chaque histoire est différente, à chacun son rythme et ses planches de secours, mais merci pour votre témoignage.

    Avant de mourir, Clément nous a écrit : " Ce que je vous demande toujours, c'est de Vivre, malgré la douleur, de vivre. Toujours de vivre..."

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