jeudi 4 mars 2010

Photos inédites de Tal


Pourquoi j'aime Jean Dujardin?
Jean Dujardin a récemment reçu l'oscar du meilleur acteur: je suis ravie pour lui. Pourquoi j'aime cet acteur en particulier? En fait, les camarades de Tal avaient remarqué une certaine ressemblance avec l'acteur. Vous pouvez en juger par vous-mêmes:
Veuillez excuser la douce folie d'une mère endeuillée.

Le témoignage d'Agnès Favre

Mon blog arrive presque à sa fin. Avant de le terminer, je désire encore afficher ces liens vers les interviews d'Agnès Favre, l'auteure de L'envol de Sarah. A défaut de lire son livre, son témoignage vaut vraiment la peine d'être visionné.

1) http://www.dailymotion.com/video/x19lll_france-2-lenvol-de-sarah_events

2) http://www.dailymotion.com/video/x190xr_faugiel-et-agn%C3%A8s-favre-l-envol-de-s

mercredi 3 mars 2010

Post Tal: Trois ans plus tard

Trois ans plus tard, ma vie ressemble un peu à ce blog: des allers-retours entre le passé et le présent, entre Ewel et un moi fragile, mais vivant. Les souvenirs de Tal surgissent chaque fois qu'une pause le permet dans mon quotidien chargé. Ils sont moins douloureux à présent; toutefois, mon fils me manque cruellement.

Le frère de Tal est un jeune adulte courageux: rien n'est aisé pour lui, néanmoins il ne baisse pas les bras. Ce printemps, il devrait passer sa maturité dans la même école où se trouvait Tal: oui, je suis inquiète! Or, il est mieux encadré que ne l'a été son frère. Il est déjà immatriculé à l'université pour y étudier la mathématique et la physique. Il joue de la batterie au sein du Conservatoire Populaire, de l'AMR (Association pour la Musique de Recherche) et de l'Harmonie de notre commune. Comme conséquence du passage à l'acte de son frère, il a été réformé à l'armée ce qui l'arrange au fond. Last but not least, il est amoureux. Pourvu qu'il persévère dans ses entreprises!

Ma grossesse a résulté en une double naissance: les jumeaux auront deux ans dans quelques semaines déjà. La petite soeur de Tal lui ressemble un peu, réfléchie et sensible, elle s'exprime bien dans deux langues au moins, connaît les couleurs primaires et complémentaires, adore bouger et danser. Son petit frère est un adorable extra-terrestre. Il ne ressemble ni à l'un, ni à l'autre de ses deux grands frères. Il ne parle presque pas, mais vocalise beaucoup et comprend tout. Il a un corps très souple (même petit, Tal était raide) avec une grande force physique. Il adore la musique et me fait beaucoup rire avec ses inventions et comportements: c'est un véritable clown!

Élever des enfants à un âge où nous pourrions être grands-parents n'est pas facile; paradoxalement, nous en profitons davantage que de nos aînés. Nous savons que les années de la petite enfance passent vite et ne reviendront jamais. Ainsi, nous nous réjouissons de cette "deuxième chance" que la vie nous a accordée. Certaines connaissances n'ont pas compris ou accepté notre choix de redonner vie après la tragédie que nous avons vécue, comme quoi on ne devrait pas faire d'enfants de remplacement. Notre décision n'est effectivement pas une solution universelle. Or, je sais qu'en ce qui me concerne c'était la bonne: nos jumeaux m'ont redonné goût à la vie. En toute humilité, je n'ai qu'un vœu à présent: que nos trois enfants vivent et qu'ils soient heureux!

mardi 2 mars 2010

Bon deuil

Ou deuil correct... pour ceux qui lisent l'anglais, voici  un article intéressant sur le deuil. Coïncidence du calendrier, le professeur Etzioni l'a écrit le 7 octobre 2006: Tal était encore vivant!


Good Grief
By AMITAI ETZIONI
Published: October 7, 2006
Washington
SOON after my wife died — her car slid off an icy road in 1985 — a school psychologist warned me that my children and I were not mourning in the right way. We felt angry; the proper first stage, he said, is denial.
In late August this year, my 38-year-old son, Michael, died suddenly in his sleep, leaving behind a 2-year-old son and a wife expecting their next child. When, at Michael’s funeral in Los Angeles, I was about to say a few words to the people assembled, the rabbi whispered that I need not fear speaking publicly — “Just go with the flow,” she urged.
On both occasions, I had a hard time not telling the free advice givers to get lost, or something less printable along the same lines. There is no set form for grief, and no “right” way to express it.
In my eulogy I divulged that I believe in a God who brings meaning to the world, but that my belief has been severely tested. I missed seeing God in the killing fields of Cambodia, and he seems too busy to show up in Darfur, or to shine his face on either the Sunnis or the Shiites in Iraq. With a rising voice, I asked: How could God allow a son to be taken from his aging, ailing father? A devoted husband to be torn from the arms of his loving wife in the middle of the night? How could he allow a 2-year-old to be left searching for his father in vain, or deny an infant the chance to see the father even once?
After I shared a copy of my eulogy with a philosopher friend in Washington, he took me for a walk in the woods. “You must know,” he lectured, “that God is not a micromanager. He does not dish out specific goods or condone specific evils. He leaves these acts — and the choices involved — to us. If the good and bad were given to us, we would not be choosing, moral creatures.”
This was all too intellectual for me. I did not choose for anyone to lay a glove on those I loved most, let alone send them on their last journey long before it was due. There might be an explanation for why God-awful things happen to very good people, but my colleague did not bring me an inch closer to accepting my ill fate.
There seems to be an expectation that, after a great loss, we will progress systematically through the well-known stages of grief. It is wrong, we are told, to jump to anger — or to wallow too long in this stage before moving toward acceptance.
But I was, and am, angry. To make parents bury their children is wrong; to have both my wife and son taken from me, for forever and a day, is cruel beyond words.
A relative from Jerusalem who is a psychiatrist brought some solace by citing the maxim: “We are not to ask why, but what.” The “what” is that which survivors in grief are bound to do for one another. Following that advice, my family, close friends and I keep busy, calling each other and giving long answers to simple questions like, “How did your day go today?” We try to avoid thinking about either the immediate past or the bereft future. We take turns playing with Max, Michael’s 2-year-old son. Friends spend nights with the young widow, and will be among those holding her hand when the baby is born.
I presume that many a psychiatrist and New Age minister would point out that by keeping busy we avoid “healthy” grieving. To hell with that; the void left by our loss is just too deep. For now, focusing on what we do for one another is the only consolation we can find.

Amitai Etzioni, a professor of sociology at George Washington University, is the author of “My Brother’s Keeper.”

lundi 1 mars 2010

Post Tal VI


Dix mois après, je dois me préparer à l'imminence de mon anniversaire. L'année passée, nous l'avons fêté tous les quatre au restaurant dans un petit port de la Grande Canarie. La serveuse a immortalisé notre famille attablée, mais la photo n'est pas de bonne qualité. C'est un beau souvenir malgré tout. Je savais alors que j'avais de la chance, mais j'ignorais quelle chance j'avais alors. Début août, toujours en vacances, la lecture a absorbé mon temps. J'ai lu des témoignages bouleversants de parents endeuillés: par exemple, le livre de Sherri Mandell, The Blessing of a Broken Heart. Je ne partage pas les choix de l'auteure qui vit comme colon et juive pratiquante en Cisjordanie où son fils de treize ans a été sauvagement assassiné par des Palestiniens. Néanmoins je partage sa douleur et admire l'aisance de sa plume. Elle est écrivain de métier et exprime mieux que les autres témoins la souffrance qui accompagne la perte d'un enfant. Au-delà de nos différences, nous faisons partie d'une même communauté, la communauté des cœurs brisés. Evidemment, il y a également un grand nombre de parents palestiniens qui font partie de notre communauté. J'ai lu le livre d'Agnès Favre, L'Envol de Sarah, ceux de la famille Poivre d'Arvor et le témoignage d'Eliane Juillerat Degoumois, Peut-on survivre au suicide de son fils? Je conclus que chaque histoire qui précède un suicide est singulière, d'où d'ailleurs la difficulté de repérer les signes et de prévenir cet acte monstrueux. Les conséquences toutefois se ressemblent: des familles brisées, marquées au fer rouge qui peinent à survivre. D'Agnès Favre je citerai ces phrases essentielles: "Nous ne sommes pas tous des pères et des mères incestueux, alcooliques et violents. Bon nombre de jeunes qui se suicident sont des enfants très aimés. Le suicide des jeunes touche toutes les catégories sociales. Le mal est ailleurs, le mal est sournois, le mal est politique, le mal est économique, le mal est mondial."1

Onze mois après, nous avons survécu l'anniversaire de Tal. Nous survivrons également l'anniversaire de sa mort. Nous avons à nouveau un espoir, nous nous mettons à rêver de jours plus heureux: j'ai appris que j'étais enceinte…

Septembre 2007

1Agnès Favre, L'envol de Sarah, Ma fille: sa vie, son suicide, Max Milo Editions, 2006, p. 188.